Toute la vie est un yoga. Par ce yoga intégral, nous ne cherchons pas seulement l'Infini: nous appelons l'Infini à se révéler lui-même dans la vie humaine. Sri Aurobindo CONSCIENCE COSMIQUE ET NIRVANA

SRI AUROBINDO
. . YOGA INTÉGRAL


Les négations de Dieu sont aussi utiles pour nous que Ses affirmations. Sri Aurobindo
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C'est le Supramental qu'il nous faut faire descendre, manifester, réaliser.

CONSCIENCE COSMIQUE ET NIRVANA


  En ce qui concerne la conscience cosmique et le nirvâna. La conscience cosmique est une affaire complexe. Pour commencer, elle a deux faces, d'une part l'expérience du Soi libre, infini, silencieux, inactif, un en tout et au-delà de tout, et d'autre part l'expérience directe de l'Energie cos­mique et de ses forces, jeux et formations, cette dernière expérience devenant seulement complète lorsqu'on a la sen­sation d'être coextensif avec l'univers ou de l'imprégner en entier, de le dépasser et de le contenir. Jusqu'à ce moment il peut y avoir des contacts directs, des communications, des échanges avec des forces, des êtres, des mouvements cosmiques, mais non la pleine unité du mental avec le Men­tal cosmique, de la vie avec la Vie cosmique, du corps et de la conscience physique avec l'Energie matérielle cosmique et sa substance. Il peut aussi y avoir une réalisation du Soi cosmique qui ne soit pas suivie par la réalisation de l'unité universelle dynamique. Ou au contraire il peut y avoir quel­que universalisation dynamique de conscience sans l'expé­rience du Soi statique libre, partout omniprésent — le souci des énergies plus grandes dont on aurait ainsi l'expérience et le plaisir que l'on y prendrait fermeraient la voie vers cette libération. Par ailleurs, l'identification, ou universali­sation, peut être sur un plan ou niveau plus que sur un autre, avec prédominance mentale ou prédominance émotive (par sympathie ou amour universels) ou vitale d'une autre espèce (expérience des forces de la vie universelle) ou physi­que. Mais en tout cas, même avec la pleine réalisation, la pleine expérience, il devrait être évident que ce jeu cosmi­que serait une chose que l'on finirait par trouver limitée, ignorante, imparfaite de par sa nature même.
  L'âme libre pourrait le considérer sans être touchée ni émue par ses imperfections et ses vicissitudes, faire un tra­vail qui lui est assigné, essayer d'aider tous ou d'être un instrument du Divin, mais ni le travail ni l'instrumentation n'approcheraient de la perfection du Divin, ni n'auraient même sa pleine lumière, son entier pouvoir, sa totale béati­tude. Cela ne pourrait s'acquérir que par une ascension dans les plans les plus hauts de l'existence cosmique ou par leur descente dans notre conscience. Et si cela n'était pas envisagé, ou pas accepté, la poussée vers le nirvâna ouvri­rait encore une voie pour s'échapper : la montée après la mort jusqu'en ces plans supérieurs — les paradis des reli­gions, qui après tout ne signifient pas autre chose que l'aspiration à une Existence divine béatifique, lumineuse, plus grande.
  Mais, pourrait-on demander, si les plans supérieurs, ou le Surmental lui-même, venaient à manifester leur conscience avec toute leur puissance, lumière, liberté, vastitude, et si ces choses venaient à descendre dans une conscience indivi­duelle ici-bas, cela ne ferait-il pas disparaître la nécessité à la fois de la négation cosmique ou de la poussée nirvânique et de l'aspiration à quelque divine Transcendance ? Dans le résultat, on pourrait bien vivre en union avec le Divin dans une conscience libre, vaste et lumineuse qui embrasse en soi l'univers et qui soit un canal pour de grandes énergies ou créations, spirituelles ou extérieures, mais ce monde-ci reste­rait fondamentalement le même. Il y aurait un gouffre de différence entre l'Esprit au-dedans et son instrument et la matière sur laquelle il agit, entre la conscience intérieure et le monde dans lequel elle travaille. L'accomplissement inté­rieur, subjectif, individuel pourrait être parfait, mais les conséquences dynamiques insuffisantes, disparates, mélan­gées, et non pas une parfaite harmonie de l'intérieur et de l'extérieur, un nouveau rythme intégral d'existence ici-bas que l'on pourrait vraiment appeler divin. Seule une cons­cience comme le Supramental, non conditionnée et en par­faite unité avec sa source, une Conscience de Vérité ayant pouvoir de créer ses propres déterminations libres serait capable d'instaurer ici, dans le plus bas échelon de l'hémis­phère inférieur, quelque harmonie parfaite et rythme parfait de l'hémisphère supérieur.
  Qu'elle doive le faire ou non dépend de la signification de l'existence évolutive ; cela dépend si cette existence est de par sa nature même quelque chose d'imparfait et de voué à l'échec final — auquel cas le but ultime de l'âme serait de s'échapper de cet univers dépouvu de sens, soit par une voie négative de transcendance, par quelque sorte de nir­vâna, soit par une voie positive de transcendance, peut-être en brisant l'éclatant bouclier du Surmental, hiranmaya patra, en ce qui est au-dessus de lui, à moins en vérité que l'on ne soit, comme le Bouddha Amitâbha, retenu par la compassion, ou encore que la Volonté divine au-dedans continue à aider ceux qui sont ici dans l'obscurité de l'Igno­rance et à prendre part à leur lutte pour s'élever vers la Lumière. Si au contraire ce monde-ci est une Uilâ d'involu­tion et d'évolution spirituelles dans laquelle doivent apparaî­tre les puissances l'une après l'autre, jusqu'à la plus haute, comme sont déjà apparus la Matière, la Vie et le Mental, hors d'une Inconscience indéterminée apparente, alors une autre culmination est possible.
  La poussée vers le nirvâna a derrière elle deux forces motrices. L'une est le sens de l'imperfection, de l'affliction, de la mort, de la souffrance dans ce monde — le mobile originel du Bouddha. Mais pour échapper à ces douleurs, le nirvâna pourrait ne pas être nécessaire, s'il existe des mon­des supérieurs dans lesquels on peut monter et où il n'y a pas de telles imperfections, l'affliction, la mort et la souf­france. Cette autre possibilité d'évasion se heurte cependant à l'idée que ces mondes supérieurs sont aussi transitoires et font partie de l'Ignorance, que l'on doit toujours revenir ici-bas jusqu'à ce que l'on triomphe de l'Ignorance, que Réalité et expérience cosmique sont opposées et incompati­bles comme Vérité et Erreur. Cela nous amène à la seconde force motrice, l'appel à la transcendance. Si le Transcen­dant n'est pas seulement supracosmique, mais un distant Incommunicable, avyavahâryam, que l'on ne peut atteindre, sinon par une négation de tout ce qui est ici, alors on ne peut éviter quelque sorte de nirvâna, et même un nirvâna absolu. Si au contraire le Divin est transcendant mais non incommunicable, l'appel sera toujours là et l'âme abandon­nera le jeu cosmique bariolé pour la béatitude de l'existence transcendante, mais un nirvâna absolu ne serait pas indis­pensable ; une union béatifique avec le Divin s'offre au chercheur comme la voie. C'est pourquoi la Conscience cos­mique n'est pas suffisante et la tendance à s'en écarter est si forte. Il ne peut en être autrement que si le couvercle d'or du Surmental est dépassé et ouvert, et si l'aboutisse­ment cherché est le contact dynamique avec le Supramental et une descente ici-bas de sa Lumière et de son Pouvoir. 

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